La fraternité…
La fraternité du point de vue religieux
Synthèse à partir de « La fraternité pour la connaissance et la coopération » (*) et du « Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » (**)
La cohabitation sur des territoire identiques de la chrétienté et de l’Islam éclaire d’un jour nouveau le dialogue entre les religions et entre des personnes de confessions différentes. C’est le problème des politiques par l’affirmation de la laïcité et aussi celui des religieux par un approfondissement du dialogue interreligieux.
La présente synthèse suit la logique suivante. L’humain a été créé libre de vivre en paix ou de se faire la guerre. A l’évidence, seule la fraternité peut apporter la paix grâce à un esprit de tolérance qui permet d’accepter et de respecter les différences, toutes conditions d’un dialogue sincère (*). Pour déboucher sur une fraternité à vivre, le dialogue entre croyants doit surmonter autant le syncrétisme que le formalisme, se poursuivre par une acceptation de la diversité, des différences et des spécificités pour trouver sa qualité dans la recherche de Dieu à travers l’Amour du croyant pour son prochain et pour Dieu (**).
Au nom de la liberté, que dieu a donnée à tous les êtres humains, les créant libres et les distinguant par elle, … chacun jouit de la liberté de croyance, de pensée, d’expression et d’action.
Au nom de la « fraternité humaine » qui embrasse tous les hommes, les unit et les rend égaux, nous … certifions… que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix ; à soutenir les valeurs de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune. Nous souhaitons que cette déclaration soit une invitation à la réconciliation et à la fraternité entre tous … et … soit un appel … à qui aime les valeurs de la tolérance et de la fraternité … dans le but d’atteindre une paix universelle …
Il est important de prêter attention aux différences religieuses, culturelles et historiques qui sont une composante essentielle dans la formation de la personnalité, de la culture et de la civilisation dans une culture de la tolérance, de la coexistence et de la paix. Cette culture est à même d’aider les hommes pour qu’ils retrouvent les valeurs de paix, de justice, du bien, de beauté, de fraternité humaine et de coexistence commune. Nous invitons toutes les personnes qui portent dans le cœur la foi en Dieu et la foi dans la fraternité humaine, à s’unir et à travailler ensemble … pour … la culture du respect réciproque.
Pour ce faire, une éducation saine et une adhésion aux valeurs morales et aux justes enseignements religieux aident à adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère. Le dialogue, la compréhension, la diffusion de la culture de la tolérance, de l’acceptation de l’autre et de la coexistence entre les êtres humains … est à même de … réduire … les …problèmes … qui assaillent … le … genre humain. Le dialogue entre les croyants consiste à se rencontrer dans l’énorme espace des valeurs spirituelles, humaines et sociales communes, et à investir cela dans la diffusion des plus hautes vertus morales (*).
Une entente spirituelle véritable implique une « reconnaissance de l’autre » qui se fonde sur le besoin de « purifier le cœur de l’égocentrisme » et qui évite strictement toute ombre d’un syncrétisme conciliant, d’une uniformité forcée, d’un formalisme inquisiteur ou d’une attention obsessionnelle portée sur les différences. Cette reconnaissance de l’autre s’appuie sur le fait que les hommes sont frères parce qu’ils attestent ontologiquement de l’autorité divine. La fraternité « générale » qui lie entre eux les humains se fonde sur des enseignements communs aux révélations islamiques et chrétiennes. Elle s’exprime à différents niveaux qui dépendent de la famille spirituelle à laquelle on appartient. La fraternité est à redécouvrir et à pratiquer, sans rejeter en son nom l’objectivité, la profondeur, le discernement et la connaissance.
Ces qualités doivent amener à dépasser divergences, différences et diversité, à commencer par la reconnaissance de la légitimité et de la diversité providentielles des Révélations, des théologies, des religions, des langages et des communautés religieuses. Cette reconnaissance de principeest la base de la reconnaissance mutuelle de la validité spirituelle de nos différentes confessions en vertu de cette tradition abrahamique à laquelle nous participons tous. Les diversités … sont … envisagées … comme une opportunité pour exercer et mettre en pratique la fraternité qui est « une vocation contenue dans le plan de Dieu pour la création ». Le pape Jean-Paul II a déclaré concernant nos différences que c’est « Un mystère à propos duquel Dieu nous éclairera un jour » et le Coran, V ;48 précise : « Vous retournerez tous à Allah, et c’est alors qu’il vous informera à propos de ce en quoi vous divergez ».
Dépasser divergences, différences et diversité n’impose en rien de les négliger. L’abandon des rites et la protection spirituelle qu’ils apportent entraîne inévitablement une sécularisation de la religion elle-même, car la foi … n’est pas complète si elle ne se reflète pas dans une pratique religieuse vivante qui transforme les cœurs. Dépasser les différences oblige aussi à apprendre à accepter les expressions théologiques de la religion de l’autre sans les juger sur la base des siennes et à condition de respecter la juridiction spécifique de chacun. Respecter les différences entre les langues, les symboles, les rites, les doctrines et les dogmes et, en même temps, … reconnaître un langage supérieur partagé parmi les croyants constituent la base d’un respect plus sincère et d’une collaboration plus profonde entre frères, contemplant les articulations et les aspects infinis de l’expression divine.
Pour toutes ces raisons, le dialogue interreligieux est … vital ; non pas un dialogue de convenance … pour réconcilier deux adversaires qui les étouffe tous les deux, … par une indifférence philosophique, ou par un universalisme relativiste et a pour effet de dissoudre les valeurs ; maisun dialogue … fondé … sur la base de l’acceptation commune de certaines valeurs morales et de concepts métaphysiques, cheminvers un « dialogue au sommet » qui consiste à reconnaître le mode de connaissance qui découvre la Vérité unique au-delà du voile des formes multiples. Renforcer l’unité aussi bien au sein de chaque communauté religieuse que dans les échanges intellectuels entre elles, dans la rencontre fructueuse de différentes positions aide à faire de « l’unité dans la diversité » une valeur commune de partage.
Le premier et le plus important objectif des religions est celui de croire en Dieu, de l’honorer et d’appeler tous les hommes à croire que cet univers dépend d’un Dieu qui le gouverne, qu’il est le Créateur qui nous a modelé avec sa sagesse divine et nous a accordé le don de la vie pour la préserver. Cependant, sommes-nous sûrs de connaître réellement la nature du Bien que nous désirons avant de le chercher pour nous-mêmes et de l’imposer ensuite aux autres ? Il s’agit de créer les conditions favorables à une paix partagée et nécessaire … afin qu’il soit possible à tous de vivre une vie orientée vers la recherche de dieu, la plus haute et ultime finalité à laquelle l’être humain puisse aspirer. Justice fondée sur la miséricorde, bien, beauté, fraternité et paix sur le plan social sont des « ancres de salut » …
Une culture du dialogue et de compréhension mutuelle …fondées sur … un dialogue qui reflète la reconnaissance des principes métaphysiques, … sans compromis doctrinaux, laisse transparaître la réalité divine unique. Cette conscience… permet aux hommes et aux femmes rattachés aux différentes révélations … de se réunir en paix et de se reconnaître les uns les autres dans leur origine commune. Le double commandement de l’amour de Dieu et de l’amour de l’autre (est à considérer) comme une parole commune qui peut mettre en lumière les relations entre croyants chrétiens et musulmans. La richesse des enseignements que nos maîtres spirituels respectifs nous apportent est un moyen de rivaliser entre nous dans les bonnes actions dans une compréhension plus profonde de la Vérité absolue, métaphysique et unique, à partir de chaque « grammaire religieuse » spécifique (**).
(*) Document signé à Abou Dhabi, le 04 février 2019 par Sa sainteté, le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib
(**) document signé par 22 sommités de l’Islam suite au « Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » signé à Abou Dhabi, le 04 février 2019 par Sa sainteté, le Pape François et le Grand Imam d’Al-Azhar, Ahmad Al-Tayyib