Dis Papa, l’Amour, c’est quoi ?

Dis Papa, l’Amour, c’est quoi ?

Dis Papa, l'Amour, c'est quoi ?

Il était une fois un petit garçon qui questionnait son Papa.

–  Dis Papa, l’amour, c’est quoi ?

–  C’est simple, précieux, fragile. C’est comme le parfum des genêts, l’odeur des pins au soleil, le bruit des vagues de la mer.

–  Je ne comprends pas, c’est quoi ?

–  Je pense que tu connais ce sentiment. Quand tu te sens bien, que tu ne penses à rien, tu sens ton cœur battre, tes poumons respirer. Quand tu sens le parfum, le souffle et les battements du cœur de quelqu’un avec qui tu te sens bien, tu es en même temps, bien dans ton cœur, ta tête, tes jambes, ton ventre. Tu es là, présent à toi-même et à l’autre et tu ressens que l’autre est présent à lui-même et à toi.

–  Ah, oui. J’ai connu beaucoup de moments comme ça, mais ils ne durent pas très longtemps.

–  Leur souvenir est-il fort ?

–  Oh oui !

–  Alors, tu as vécu des moments d’amour.

–  J’aime aussi sculpter, me faire masser, faire des câlins.

–  Oui, tu peux aussi aimer tout ce que tu fais chaque fois que tu es là, pour toi. Si tu es là, pour toi, tu peux écouter, regarder, sentir, percevoir. Lorsque tu vis cela, tu aimes, tu t’aimes.

–  Dis-moi, alors, est-ce que j’aime Marilyn ? – Il n’y a que toi pour répondre. C’est toi qui peux sentir quand tu es présent avec elle. Ici, maintenant, moi je t’aime. Nous sommes dans l’aventure de l’instant, dans l’aventure de la seconde. – Et lorsque je me sens bien tout seul, c’est aussi de l’amour ? – Oui. Tu t’aimes. Lorsque tu fais ce qu’il te plaît de faire, lorsque tu es comme tu as envie d’être, quand tu es bien avec toi, là où tu es, dans l’instant, tu t’aimes. – Alors aimer c’est s’aimer… et aussi aimer quelqu’un ?

– Oui, ton corps, ton cœur sont des instruments à aimer. Si tu n’es pas présent a toi-même, tu ne peux pas être présent à l’autre et à ce qui t’entoure. Si ton esprit se promène à cinquante kilomètres du lieu où tu te trouves ou à trois heures avant ou après l’instant présent, comment peux-tu être là ?

– Ah oui, c’est comme en classe, quand je n’écoute pas le prof.

– Oui, tu es présent avec le copain qui fait le pitre et tu n’es pas présent au prof.

– Et… être amoureux, dis, c’est quoi ?

– C’est ton cœur qui s’ouvre tout seul pour te montrer ce que peut être l’amour. C’est un cadeau de la vie.

– J’ai un copain qui est amoureux mais ce n’est pas super pour lui. Alors ?

– Je pense qu’il croit que la fille dont il est amoureux est la cause de ce qui lui arrive, il est dans le rêve et n’est plus présent à lui.

Il espère qu’il est possible d’être à la fois présent à lui et au rêve de celle qu’il aime. Quand il est présent à lui-même, le rêve disparaît et il refuse cela.

Quand il est dans le rêve de l’autre il ressent le malaise d’être en dehors de lui et il refuse cela aussi.

Tu ne peux aimer qu’en présence à toi et à l’autre.

– Ce n’est pas possible d’être présent sans être là ?

– C’est un vieux rêve, comme celui de la machine à remonter dans le temps ou la baguette magique pour se déplacer dans l’instant. Ce sont des rêves.

– Dis Papa, l’amour ça peut faire mal ?

– L’amour ne fait pas mal, seule la peur fait mal : peur d’aimer et d’être aimé, peur de ne pas aimer et de ne pas être aimé, peur de ne plus aimer et de ne plus être aimé, peur de laisser l’autre seul et d’être abandonné. Nombreuses sont les peurs autour de l’amour mais le remède existe, la confiance.

– Et la confiance comment on la trouve ?

– Certains la demandent avec des preuves, d’autres essaient de faire confiance. Il en est qui ont confiance. Il y a enfin les confiants en eux, en l’autre, en l’amour et la vie. Là nous sommes au cœur du problème du cœur : l’ouverture. Si la fleur se ferme, l’abeille peut-elle la visiter ?

– Alors, Papa, l’amour peut mourir ?

– Il ne meurt jamais mon fils, il peut s’être perdu et il y a toujours espoir de le retrouver. L’amour est comme la vie. Il est coriace, il peut s’endormir et se réveiller.

– Alors comment on fait pour ne plus aimer ?

– Il suffit de s’évader de la seconde présente pour aller à hier, demain ou tout à l’heure. Il est possible aussi de réfléchir à tous les problèmes préférés des journalistes, la guerre, les attentats, la faim dans le monde, les prises d’otages. Il est simple aussi de rêver à une autre vie, à d’autres vies.

– Oui. Je comprends maintenant que ça peut être difficile d’aimer. Et l’amour unique, tu y crois toi ?

– Si tu es présent à toi-même et à une autre personne, est-il possible d’être fermé à toutes les autres ? Si tu es présent à l’infini de ta profondeur, comment peux-tu t’arrêter à l’amour d’une seule personne ?

– Mais alors, un papa et deux mamans ou une maman et deux papas, c’est possible ?

– Tout dépend des engagements de fidélité échangés et des règles de la société.

Le Papa dit « bonne nuit » à son fils et, pendant que l’enfant dort, il réalise les exigences de l’Amour : être conscient des regards et mots échangés dans son ventre, sa poitrine et sa tête ; ressentir l’unité de tous les êtres animés dans l’amour de la Vie ; comprendre l’unité de l’homme avec la terre, de la terre avec le système solaire et de notre système solaire avec l’univers ; être conscient de l’utilité au monde du petit brin d’herbe, du petit insecte et de soi-même dans le « grand tout » ; habiter la conscience que une est la vie, un est l’amour, un est chacune et chacun avec la vie et l’amour.

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